L’éducation aux changements climatiques vue par une élève de 4e secondaire

Marie Maltais, École secondaire Mont-Saint-Sacrement 

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Introduction

Les changements climatiques, ou du moins leur accélération, font maintenant partie de nos vies. Éduquer les prochaines générations pour qu’elles soient en mesure de comprendre les causes de la situation actuelle, mais aussi pour qu’elles aient des outils afin d’elles-mêmes être plus responsables et capables de gérer toute l’anxiété qui peut accompagner la réalité du réchauffement planétaire, est un défi. Il est important que cette réalité soit dite, mais que ce qui s’améliore le soit aussi, pour susciter à des actions volontaires.

Ce bref rapport est constitué d’une première section en deux parties concernant mon expérience personnelle : ce que l’on m’a appris au fil des dernières années (maternelle à secondaire 4) et ce qui devrait être inclus selon moi (maternelle 4 ans à secondaire 5). La seconde section en trois parties contient un compte-rendu de différents avis d’autres personnes autour de moi, un tableau récapitulatif sur ce qui devrait être enseigné en fonction de l’année et une bibliographie afin d’appuyer mes recommandations. Le tout se termine par un bref retour sur les points abordés et sur les prochaines étapes à envisager.

Évidemment, ce document ne contient que mon avis qui se veut le plus objectif possible, mais qui est tout de même biaisé par mes valeurs personnelles. 

Ce que je pense

Ce que je pense est maintenant une évidence : les sujets se rapportant aux changements climatiques et à l’écologie ne sont pas assez présents dans le curriculum du primaire et du secondaire. Évidemment, il y a des améliorations, mais le choix revient tout de même toujours à l’enseignant ou l’enseignante.
En prenant en compte la situation actuelle et les projections pour l’avenir, il me semble important (même essentiel) d’offrir un minimum de support et d’éducation vis-à-vis cette réalité qui est bel et bien présente.

Ce que j’ai appris

Au fil de mes études (prenant en compte que je suis en secondaire 4), j’ai appris et j’ai expérimenté. Mais, avant tout récemment, je n’avais jamais eu d’enseignement scolaire approprié (concernant l’accélération des changements climatiques) pour vivre au sein du monde qu’est celui d’aujourd’hui, mais surtout au sein de celui qui se profile.

Au primaire, nous sommes sensibilisés à notre environnement immédiat, à ce qui nous entoure directement (par exemple, les déchets dans la cour de récréation). Nous apprenons l’importance des arbres et des plantes, nous vivons certains ateliers, avec la Boite à science par exemple, qui nous présente différents animaux inconnus. 

Au secondaire, nous apprenons ce qui est inclus dans le programme (partie univers terre et espace). Quoi que ce soit, les enseignements sont souvent négligés puisque non évalués par le Ministère. L’Expo-sciences apporte chaque année un peu de diversité et, généralement, de bonnes discussions, tout comme d’autres ateliers qui n’ont pas lieu partout et ne sont pas généralisés. Certains enseignants et certaines enseignantes discutent de sujets d’actualité, mais, évidemment, tout dépend de leur bon vouloir et du temps qu’ils ont dans le cours.

Ce qui devrait être inclus

Selon moi, avant toute chose, il devrait y avoir un encadrement pour aider les jeunes, mais aussi les adultes qui en ont besoin à gérer le stress que peut entraîner l’accélération des changements climatiques. Aujourd’hui, les nouvelles voyagent vite. C’est difficile parfois de déterminer le vrai du faux, de séparer ce qui se passe et ce qu’une personne est en mesure de faire. Il faut assurer un encadrement parce que, même si ce type d’anxiété n’est pas encore officiellement reconnu partout, l’écoanxiété doit être évitée au maximum et c’est une réalité grandissante chez beaucoup.

Ensuite, il serait important d’offrir des activités interactives au sein des écoles, principalement des écoles primaires, pour montrer à l’élève qu’il est en mesure d’agir et que chaque geste compte. Puisque même si les gestes à petites échelles ont un impact mineur, ils sont tout aussi importants en vue de voir une société plus écoresponsable. De plus, offrir des heures et des heures de cours de théorie reviendrait à alourdir le programme, à alourdir les journées. Des cours axés sur l’écologie, sur le respect de l’environnement doivent être amusants, intéressants et encourager les élèves à la participation plutôt qu’à la semi-écoute qui peut être observée lors d’autres cours (quoi de plus long qu’un cours de grammaire en revenant du diner?)

Au primaire, je recommanderais donc principalement des activités actives, comme des collectes de déchets, mais aussi des enseignements simples, la décomposition des différents éléments par exemple. Engager des discussions avec les élèves, connaitre leur point de vue, répondre aux questions, ouvrir des portes aux débats seraient aussi des points majeurs. Au primaire, l’on apprend le cycle de l’eau, pourquoi ne pas aussi apprendre le cycle des déchets, le cycle des produits? Qu’est-ce que ça implique un objet made in China? Il faut enseigner les mauvais côtés autant que les bons. Un sujet d’actualité soulève des questions? Il ne faut surtout pas taire les questionnements, mais y répondre. 

À partir du troisième cycle du primaire, voire même de la fin du deuxième, il faut expliquer la différence entre changements climatiques et l’accélération de ceux-ci, peut-être en l’incluant au cours d’univers social ou au cours de culture et citoyenneté québécoise. L’histoire de l’impact de l’humain sur la terre serait toute aussi importante à enseigner (sixième année ou secondaire un). 

Au secondaire, les cours peuvent être axés plus en détails sur des parties techniques puisque la connaissance scientifique est plus grande, mais l’enseignement doit garder son aspect interactif et son aspect relativement léger. Il faut encourager l’initiative, les idées collectives. La complexité des discussions possibles se voit agrandie avec la maturation et le développement des individus. Le fonctionnement du cours doit être basé sur la discussion, l’importance des opinions d’autrui, le groupe, tout simplement. Un élève qui se sent écouté, qui sent que sa voix importe et qui n’est pas inquiet de prononcer son avis sera automatiquement plus enclin à lui-même écouter, à apprendre et à se sentir bien dans le milieu qui l’entoure.

Que ce soit sous forme de projets de groupes, de débats, d’analyses ou d’activités à l’extérieur, le cours doit encourager l’implication volontaire, mais aussi la beauté de travailler en groupe. Lorsque la température le permet, les cours pourraient être donnés à l’extérieur ou il pourrait exister des salles de classes formées autrement dans les écoles que le standard d’une trentaine de bureaux avec des chaises oranges entre quatre murs dont un possède des fenêtres à côté de celui qui supporte un tableau... Il est primordial d’éduquer l’élève sur l’impact personnel et l’impact de groupe, sur la réalité de ce qui se passe, sur les statistiques actuelles, mais aussi sur tout ce qui se fait, sur les opportunités et les tentatives de différents groupes, sur les bons côtés de ce que font nos sociétés actuellement. Parce que, au final, ce qui importe, c’est d’enseigner la réalité de la situation actuelle, la réalité du monde dans lequel ils vivent, tout en leur montrant qu’il est possible de faire sa part, pas à pas, qu’il est possible de changer le cours des choses.

Seconde partie

Cette section concerne l’opinion d’autres personnes autour de moi qui ont à peu près mon âge puisque je pense essentiel de considérer l’avis de plusieurs avant d’en venir à une conclusion. Ces gens ont tous accepté de faire partie de ce document et d’avoir leurs noms cités avec leurs idées.

Avis extérieurs

Selon Camille Paradis, élève de secondaire 4, il s’agirait de séparer les enseignements en cinq grandes catégories :
1. L’apprentissage des plus jeunes en ce qui concerne l’importance de recycler et de bien trier les déchets (maternelle quatre et cinq ans, ainsi que première année);
2. Les effets du changement climatique sur les océans et les forêts (deuxième, troisième et quatrième année);
3. Les effets de l’activité humaine sur la couche d’ozone et la déforestation (cinquième et sixième année);
4. Les effets de la surconsommation et les bienfaits des transports en commun qui sont moins polluants (secondaire 1 et 2);
5. Les effets des combustibles fossiles, les bienfaits des énergies renouvelables, ainsi que la pollution causée par l’agriculture (secondaire 3, 4 et 5).

Selon Catherine Labrie, élève de secondaire 5 :
« Je pense qu’il serait intéressant de proposer des activités sur comment bien trier ses déchets dès la maternelle ou la première année. 
Lors des cours, il faudrait prendre le temps d’expliquer l’impact des gaz à effets de serre, les changements climatiques et leurs conséquences sur la planète, le fléau des déchets dans les océans, l’importance des abeilles pour notre écosystème, aborder le gaspillage alimentaire et sensibiliser les élèves sur des sujets abordant les ressources naturelles, l’électricité et la surconsommation.
Ce serait bien, également, de proposer des solutions pour diminuer son empreinte écologique.
Je suis convaincue que c’est une excellente idée de sensibiliser les plus jeunes le plus tôt possible pour qu’ils développent de bonnes habitudes. » 

*Il est important de prendre en compte que les données dans la colonne centrale ne représentent que les enseignements dont je me souviens et que je n’ai pas encore terminé mon secondaire 4.*

Évidemment, l’écoute des élèves (quoique non écrite dans le tableau) est primordiale tout au long du primaire et du secondaire. Les enseignants et les enseignantes doivent être ouverts à la discussion et aux questions peu importe l’âge et le niveau d’enseignement. De plus, il est important d’offrir autant d’activités interactives que possible, d’accompagner les élèves dans leurs apprentissages et d’encourager l’action volontaire.

Conclusion

Retour

Chaque année doit être différente, offrir des enseignements interactifs et être axée sur une thématique particulière. Plus l’enfant grandit, plus il doit avoir accès aux connaissances. Si un sujet l’intéresse, l’élève doit avoir l’espace d’en apprendre davantage et d’être écouté dans ses démarches. 

Chaque élément suggéré dans le tableau ci-dessus devrait être enseigné sans devenir un poids dans le programme. Que ce soit en créant une nouvelle façon de donner des cours pour encourager les interactions (des cours extérieurs, des activités, etc.) ou en évitant de faire des évaluations conventionnelles sur les divers sujets, il est impératif d’être en mesure d’offrir un cours intéressant où tous peuvent interagir et dans lequel l’élève souhaite se rendre chaque semaine. Certains morceaux théoriques pourraient être inclus dans le cours de science et technologie ou dans le cours de citoyenneté québécoise, voire dans les cours d’univers social, histoire ou monde contemporain (en fonction de l’année). 

Dans tous les cas, peu importe la décision qui sera prise ou l’impact qu’aura ce rapport, je tiens à souligner que le changement est inévitable. Il est nécessaire et ne doit pas se faire dans vingt ans, mais aussitôt que possible. Je suis de ceux qui ont encore confiance en l’avenir, de ceux qui pensent que le changement et l’amélioration sont possibles, j’espère donc de tout cœur que le message sera entendu.

Prochaines étapes à envisager

Presque la fin de ce rapport, mais le début de ce que j’espère être une volonté nouvelle pour le changement et l’amélioration du système actuel. Je vais à nouveau me répéter, mais les années actuelles sont cruciales en ce qui concerne le futur, il est primordial d’éduquer les prochaines générations, de les encourager à prendre action et d’offrir un accompagnement adéquat. 

Je n’ai que seize ans et je ne suis qu’un cas parmi des milliers d’élèves. Je pense qu’il est possible de revoir le système, de l’améliorer, mais cela ne peut pas se faire sur la base d’un éventuel comité constitué d’adultes de plus de quarante ans, pas seulement. Il faut faire un comité, évaluer les statistiques, les possibilités, etc., mais cela doit se faire en concertant le personnel enseignant du secondaire, les élèves eux-mêmes, les étudiants et les étudiantes des cégeps et des universités et d’adultes de différents domaines. Il faut à tout prix consulter un éventail aussi large de personnes que possible. 

Ensuite, il faut créer le plan. Je ne connais pas les procédures pour proposer un programme d’enseignement en entier, mais il faut le faire. Ce sont des procédures qui sont longues et je sais que des périodes d’essais sont essentielles, que du perfectionnement sera nécessaire, mais, avec une réelle équipe sur le dossier, j’aime à penser qu’un plan complet peut être fait entre six mois et un an (prenant en compte qu’une consultation générale à plusieurs niveaux doit être faite pour connaître l’opinion de tous). Prenant en considération qu’il y a toujours du retard, qu’il y a toujours des objections et que le processus décisionnel est long, je pense que le tout pourrait se faire en trois ans. Cela laisse un an d’essais dans les écoles (en prenant pour base que le projet se fait durant un mandat de quatre ans) avant l’intégration complète. Est-ce faisable? Je pense que oui, mais il faut de la détermination et une volonté d’engager le changement.

Merci aux personnes concertées
Camille Paradis, élève de secondaire 4 à l’école secondaire Mont-Saint-Sacrement
Catherine Labrie, élève de secondaire 5 à l’école secondaire Mont-Saint-Sacrement